Un livre, un seul, pour changer le destin d'un monde

La Dame Blanche sentit des vibrations magiques qu'elle n'avait pas ressenties depuis bien longtemps. Cela l'attirait de manière presque irrépressible. Il devait s'agir d'une invocation qui utilisait la magie de son monde. Elle se laissa porter par les vagues de pouvoir et apparut peu après dans le bureau d'archiviste, où l'atmosphère devint instantanément glaciale. Elle ferma les rideaux avec empressement et détailla la pièce du regard. Elle ne connaissait pas l'endroit, mais elle comprit aussitôt ce qui l'avait appelée ici quand ses yeux se posèrent sur le pentacle. Elle se baissa et l'effleura de la paume de ses mains. Elle sût alors que c'était Algalaran qui l'avait tracé.

Enfin te voilà, mon amour. songea-t-elle avec un sourire glacial

Elle suivit ensuite les traces de magie, qui l'informèrent de la présence du bijou et de l'emplacement de la serrure.

Quelle imprudence ! s'amusa-t-elle.

Elle alla verrouiller la porte d'entrée du bureau et se dirigea vers la porte de la salle secrète, sur laquelle elle insuffla une légère dose de magie, insuffisante pour l'ouvrir, juste pour attirer l'attention d'Algalaran. Elle se tint debout devant la porte, attendant qu'il lui ouvre.

Je fouille et farfouille dans les rayonnages à la recherche de ce livre, mais je n’arrive pas à le trouver. J’ai déjà fait plusieurs rayonnages, mais aucun ne contient un livre réellement intéressant. Après avoir épluché tout le rayonnage concernant les démons, leur naissance, leur descendance et tout ce qui s’en suit, je vais pour aller dans un rayonnage un peu plus noire encore, lorsqu’une pulsion magique se faire sentir sur la porte.

Par un réflexe né de la peur, je me mets dos à une étagère, et patiente. J’attends une minute, puis deux, puis trois. J’attends, mais rien ne se passe. J’allonge alors mes jambes et respire un grand coup, et souffle autant.

*Ce n’était qu’une fausse alerte.*

Je regarde alors une de mes bagues, et pense au bijou laissé derrière la porte. Je pense à la magie que j’ai ressentie qui a servie à l’impulsion. Je respire encore un coup avant d’effleurer la bague. Le bijou présent dans la pièce derrière la porte, prend la forme d’un dragon à la même taille que le bijou. Il me permet alors de voir que dans le bureau se trouve la dame blanche.

Je me lève, soulager. Je me dirige vers, la porte. J’actionne alors un levier, qui l’ouvre.

-Bonjour Ma Dame blanche adoré. Tu n’imagines pas à quel point tu m’as manqué.

Lorsqu’il entra, la dame blanche avait jeté le petit dragon espion au sol et avait posé un pied sur son cou, suffisamment pour l'immobiliser et rendre sa respiration difficile, mais pas assez pour le tuer. Elle le regardait avec le sourire carnassier d'un chat jouant avec sa proie.

Elle reporta ce regard sur Algalaran. Elle savait qu'elle l'avait surpris par son apparition, et devinait que cela le tracassait. Peut-être même que cela l'effrayait un peu.

Mais je ne doute pas une seconde de t'avoir manqué, mon chéri, je suis persuadée que tu es resté aussi chaste et dévoué que tu l'as toujours été. lui répondit-elle d'un ton rieur où se devinait la menace d'une rage meurtrière.

Disant cela, elle accentua très légèrement la pression de son pied, et la respiration de la petite créature devint sifflante. Elle songea que le dispositif de sécurité n'était pas encore tout à fait au point. Elle avait du mal à concevoir l'utilité d'un dragon tout juste bon à surveiller et incapable de se défendre. Elle se retint de pouffer devant ce spectacle pitoyable. Et dire qu'une pauvre jeune fille aux pieds nus pouvait le terrasser ! Lui vint ensuite à l'esprit qu'elle n'était pas, qu'elle n'était plus, une simple pauvre jeune fille. Elle partit d'un éclat de rire plus glacial que l'hiver, et son rire lui fit échapper une infime quantité de pouvoir. Sous son pied, les écailles du petit dragon s'auréolèrent d'une fine couche de givre. Elle se tut et fixa Algalaran dans les yeux.

Vois-tu mon amour, il y a de cela quelques siècles, j'ai compris que le pouvoir seul comptait. La faiblesse est faite pour être écrasée et dominée. Puisque je domine, j'ai le pouvoir, voilà ce qui me plait.

Elle leva vers lui un regard enjôleur et prédateur.

Toi aussi tu me plais d'ailleurs, et même depuis un peu plus longtemps...

Elle se lova contre lui et l'embrassa. Puis elle le repoussa violemment.

Qu'as-tu fait pendant tout ce temps ? Pourquoi ne m'as-tu pas contactée, pourquoi n'as-tu pas encore agi ? gronda-t-elle.

Je l'écoute posé sa question. Je ferme alors les yeux, inspire profondément et la regarde droit dans les yeux.

-J'ai dû apprendre à gérer un domaine, ce qui fût assez compliqué du fait qu'il faut gérer beaucoup moins de chose en étant à la tête du royaume du chaos. Pour ce qui est de la reine, je ne sais pas comment faire pour l'approcher et la tuer. Je ne peux pas me salir les mains. Non pas que je n'aimerais pas, mais si quelqu'un décryptait un sort que j'aurais lancer, ou même m'apercevrais entrain de commettre cet acte, et je peux dire adieu au trône Elfique.

Je m'approche doucement de ma dame blanche.

-J'ai bien une idée de plan. J'ai une jeune fille elfique qui est complètement folle de moi. Il me faut juste attendre qu'elle devienne l'héritière du trône avant de tuer la reine. Et pour tuer celle-ci ma douce Dame, je demande, si tu peux m'accorder ton aide. Dis-je en posant un genou au sol et tendant ma main droite.

-Une foi cette fille sur le trône, et moi marié avec elle, il ne nous restera plus qu'à la tué à son tour. Ou bien la gardé comme une marionnette, entre tes mains et ton esprit habile, gente dame de mon cœur. Dis-je avec un sourire malsain.

Je vois... dit-elle d'un ton méprisant.

Elle sembla réfléchir un moment, et un sourire sadique étira ses traits.

Je me chargerai des détails, très cher... Puisque tu es incapable de remplir seul ta mission. Mais attention, tu sais l'ampleur de ta dette envers moi. Un jour, il faudra que tu paies pour tout ça, mon amour.

Voilà qui lui donnerait plus de pouvoir encore qu'elle n'en avait, ce n'était pas une mauvaise chose, du moment qu'Algalaran ne se laissait pas emporter par ses considérations de mortel.

*Au moins une bonne chose de faite et d'acquise. Elle aura encore plus de puissance...Je me demande si ce n'est pas un peu dangereux...Elle est et restera ma première femme après tous. Les autres femmes dont j'ai pus partager la vie ne sont pas aussi dangereuse qu'elle. C'est pour ça que je l'aime.*

Je m'approche d'elle, pour lui prendre doucement les mains. Je respire, et la regarde dans les yeux.

-Ma dette envers toi est certes grande, mais j'aurais encore beaucoup de temps pour la payer. Et je pense que je vais commencer par ceci.

Je lui donne un baiser furtif avant de toucher son front avec l'index et le majeur de ma main droite. Le temps se fige et une lueur violette s'échappe du bout de mes doigts. Je sonde son âme pour trouver le symbole apposer par le gardien maléfique. Après quelques secondes, je le tiens au creux de mon pouvoir. Je l'empoigne, amplifie ma magie pour finir par le détruire. Je retire alors mes doigts de son front, et embrasse celui-ci. Je la prend alors tendrement contre moi, et murmure :

-Tu peux désormais revenir là où tu n'aurais jamais dû partir mon amour.

*Bon, j'espère au moins avoir payer même une infime partie de ma dette. Je vais avoir beaucoup de temps devant moi pour l’éponger, mais c'est pour ça que je l'aime : elle m'aide à avancer bien plus que n’importe qui. Bon maintenant il va falloir jouer serrer, j'ai toujours un livre à trouver dans cette bibliothèque.*

La dame blanche sentit l'étau se desserrer, et un sentiment de liberté la submergea. Elle se mit à tourbillonner sur elle même en riant. [Libérée, délivrée... hum, pardon...]

Je ne serai jamais loin, et veille sur toi, et sur ta mission bien entendu...

Elle l'enlaça avec douceur, et disparut dans un baiser, laissant Algalaran seul dans la pièce froide. Une traînée de givre qui fondait déjà était la seule trace de son passage.

[Le froid est pour elle le prix de la liberté…^^]
C'est dans un doux baiser que je regarde ma première femme s'en aller. Je me mets alors à réfléchir sur mes actions passées avec les deux autres femmes que j'ai conquises.

*Ce n'est à présent plus qu'une question de temps avant que la reine ne quitte ce monde. Je me sens à la foi proche de la place de roi des Elfes, et pourtant j’ai l’impression que mon accession au trône n’est pas encore pour tout de suite. Patience Algalaran, patience. Il est de certains plans auxquels il vaut mieux privilégier celle-ci plutôt que s’empêtrer dans un sac de nœud bien plus compliqué encore que les ficelles d’intrigue de la cour d’une reine. En premier lieu, je me dois de retrouver ce livre. Je l’ai utilisé il y a quelques années pour tenter de maudire la reine. Il doit bien receler en lui quelques formules qui me permettrait de redonner un corps à ma délicieuse et exquise femme des neiges.*

Je regarde alors au dehors pour observer la position de l’astre solaire. Celui-ci commence sa déclinaison.

*J’ai encore un peu de temps devant moi avant que les obligations de la cour ne me pressent.*

Je prends alors un globe de verre vide que je pose sur mon bureau, et en prend un autre identique avec moi. Avec un sort relativement facile à cacher, je lie l’une et l’autre afin que seul la mienne puisse me dire ce qu’il se passe dans le bureau. Je prends une bonne heure pour chercher, mais ma recherche est infructueuse. Je sors alors de la salle et ferme la porte, en me plaçant sur le pentacle de cendre. La porte se ferme sans encombre, et sans que rien n’ai pu déclencher les alarmes. Je vais alors à mon bureau, en tire de l’encens magique.

*Malédiction ! C’est ma dernière !... Il va me falloir m’en faire venir de ma terre natale. Respire
Algalaran, respire. Ce n’est qu’un contretemps, un simple contretemps.*

Un garde toque à la porte du bureau.

[suite ici]