Palùre Piuta avait quitté la reine dans la matinée. Elle avait visité les jardins du palais toute la journée, s'émerveillant des fleurs qui s'y trouvaient. Une servante lui avait apporté un repas froid, et ne l'avait pas quitté depuis, veillant à tous ses besoins. Un garde avait également été assigné à sa sécurité. Il n'était ni loquace ni particulièrement sympathique, mais cela devait faire partie de ses fonctions. Elle ne voyait malgré tout pas quel risque elle encourait en se promenant dans l'enceinte du chateau et la présence du garde lui semblait superflu.
Quand le ciel commença à s'illuminer des couleurs du couchant, la servante proposa à Palùre de rentrer, et la conduisit à ses appartements, qui étaient attenants à la bibliothèque. Elle dut diner seule, la reine étant trop occupée pour recevoir sa pupille à sa table, ce qui chagrina la jeune elfe. Le garde était de faction devant la porte de sa chambre, et la servante se tenait en retrait dans un angle de la pièce.
Son diner achevé, l’excitation la tenant éveillée, elle sortit de ses appartements et se dirigea vers la bibliothèque, mais son garde l'arrêta et lui intima de regagner sa chambre. Elle soupira mais obtempéra. Elle demanda qu'on lui fasse apporter une baignoire d'eau chaude. Pendant la préparation de celle-ci, elle remarqua un bouquet de roses rouges magnifiques posées sur une tablette, et elle s'approcha pour respirer leur parfum, quand elle y aperçut une carte, qu'elle s'empressa de lire :
A la plus tendre et la plus précieuse des fleurs du royaume, avec toute ma passion et ma fougue. Je suis en route pour me rendre à vos côtés, là où est la place que je chéris le plus. Dans l'attente de la douceur de vos bras, de la saveur de vos lèvres et de la chaleur de votre corps. Le dévoué esclave de vos charmes, Algalaran de Lossealore.
Son coeur se mit à bondir dans sa poitrine et son corps fut submergé par une vague de chaleur et de langueur.
C'est à ce moment que la servante lui annonça que son bain était prêt.
Le rouge aux joues, elle demanda qu'on la laisse seule pour la nuit. La servante se retira, ainsi que le garde, sachant que des patrouilles arpenteraient les couloirs toute la nuit.
Quand elle fut seule, la jeune fille bondit pour dissimuler la carte dans ses affaires. Puis elle se dévêtit avec lenteur, sentant sa peau fourmiller sous la caresse du tissu. Des volutes de vapeur parfumée s'échappaient de la baignoire, et elle plongea son corps frissonnant de désir dans l'eau brûlante en fermant les yeux de bonheur.