Pour trouver facilement les quelques pièces dont j'avais besoin pour m'offri une bonne nuit à l'auberge, j'ai décidé de raser un camps de petits êtres mi-amphibiens mi-humanoïdes que l'on appelle les murlocs qui se trouvait à deux pas. Cette vermine est si misérable que je n'ai même pas eu besoin de l'aide d'un démon. Ce fut le plus délectable massacre de tous les temps.
"Allez y! Courez! Même pas peur de vous, sales bêtes! Aïe, mais tu m'as fait mal! Tiens prends ça! Et ça!! héhéhé"
Tous morts. Je les ai pulvérisés, atomisés. C'était un bon moment de défoulement mais il faut finir par la moins agréables des choses : plonger les mains dans ce qui reste des entrailles dispersées dans le camp pour ramasser les pièces, les morceaux de chairs, les yeux, les écailles enfin tout ce qui se vend.
Dans ma vile besogne j'ai eu beaucoup de chance : j'ai trouvé deux armes en assez bon état, un parchemin une potion pour la forme et un œuf!
Maudit œuf...
Je repars en direction de l'auberge pour y échanger ce que j'ai ramassé contre une nuit au chaud et un bon bain. Enfin un bon bain! Des bulles! Du savon!
Quelque chose bouge dans mon sac?! Yaaaaarrrrrrrrrrgk! Mais qu'est ce que c'est que cette horreur!?! Une sorte de grenouille blanche me regardais avec ses gros yeux globuleux. Après le choc est venu l'angoisse : Non! il a cassé l'œuf que je voulais vendre! Bon ben je vais devoir me passer du room service.
Puis la bestiole se mit à tousser. "Sort de mon sac! Aller zou, ouste!" La bête refuse de partir... Je renverse alors mon sac. Non!! les yeux de murloc roulent dans tout les sens! La route est en pente! Bon ben pas de bain...
La chose blanche me regarde, ses sortes de bras traînant sur le sol devant moi. "Mrlmrlrlrmrmrll"
Ah bravo! un bébé murloc! Qu'ai-je fait pour mériter ça?
Il ne faut pas se laisser aller, courage Fortuna, tu ramasses tes affaires et tu t'en vas. Qu'est ce qu'en t'en as à faire de cette bestiole qui pue? Aller, regarde droit devant toi et marche!
J'ai entendu des petits pieds humides me suivre sur quelques mètres puis plus rien... ouf!
L'auberge, enfin! J'ai réussi à réunir juste assez pour un lit et un bon dîner.
"Ça ne va pas être possible mademoiselle. Nous n'acceptons pas les animaux"
Le bruit du claquement de la porte devant mon nez raisonne encore à mes oreilles. Un pressentiment plus la rage me parcoururent en un frisson glacial. "Ne te retourne pas Fortuna, tu n'as pas envie de voir ça!!" ."mlrmlrrmrlmrlrm"...
J'ai eu envie de pleurer, là, tout de suite, sur le pas de la porte de l'auberge puis... il s'est mit à pleuvoir... et là, j'ai pleuré.
"Mon bain!!! Mon dîner!!! Mon lit!!! aaaargh"
Flic floc, derrière moi les petites pattes de cette bestiole de malheur. "Laisse moi!! Vas t'en!!!"
Tiens? Plus rien? Encore 10 pas et je regarde si il est bien parti...
Mais qu'est-ce qu'il fait ?! "mrlmrlrmrlrmrlrmrlrmpidoumrlrmrlrmrlmr!!"
C'est pas vrai, ça sait chanter et danser!!
"LAISSE MOI!!!!!!"
Rien ne va plus. Ma vie est un enfer. Avant j'avais déjà du mal à supporter les railleries des démons : "- C'est ça! envoie le plus petit!
- C'est à ça que tu sers, Chorin" ...
Maintenant ils oublient complètement que je suis là. Imaginez un peu : je concentre toute ma puissance arcanique pour invoquer Haaghun, mon gangregarde (le gangregarde est une sorte de grande armure remplie de vide qui s'anime pour attaquer et me défendre), j'attaque un ogre qui me bloque le chemin et là, l'ogre me fonce dessus et BOUM! Coup de masse sur la tête. Quand je me suis réveillé, une demi-heure plus tard, Haaghun faisait des guillis au bébé murloc tout deux avec une couronnes de fleur sur la tête.
Vous y croyez vous? Un gangregarde ami avec un murloc? C'en est trop, j'arrête. J'ai repéré une grange où je pourrai m'allonger un peu dans la ville que j'ai traversé tout à l'heure. Marche tout droit Fortuna, ne te retourne pas. Le mieux qu'il puisse m'arriver c'est qu'ils oublient de me suivre et qu'ils se perdent. "Bon! vous venez?" ... La nuit tombe vite par ici.
Ah, c'est pas vrai! Je me suis fait piqué la place par un nain! Hors de question de passer la nuit à côté d'un nain qui suce son pouce. J'ai ma dignité quand même! Je vais plutôt me creuser un trou dans la terre sous un arbre ça sera très confortable.
Et j'ai creusé, je me suis cassé un ongle et coupé la main sur une pierre tranchante.
"Hé! mam'selle! St'a vous cette drôle de p'tite bestiole?" Quoi? Qui me parle? Alby (oui j'ai appelé le bébémurloc Alby parce qu'il est albinos) était en train de faire son show au milieu de la place du village.
"Comme il est mignon!" , "Maman! j'en veux un pareil." Hihihi hahaha, tous les villageois étaient réunis autour de ce spectacle déplorable.
Et là, l'aubergiste m'offre le gîte et le couvert. "On va pô laisser une tite créature mignonne comme ça dormir dehors!" Dans un premier temps j'ai cru qu'il s'adressait à moi. J'ai rougi. Puis j'ai compris qu'il parlais d'Alby. J'ai rougi encore plus...
Cette sale bête m'éclipse totalement! Pouic je suis gentil. Pouic je suis mignon. Pouic fais moi un bisou.
Non mais je rêve! J'ai essayé d'être sympa avec Haaghun une bonne centaine de fois. Je lui ai offert des fragment d'âme, je lui ai raconté des blagues, je lui ai acheté un kit de manucure (ah non ça c'était pour moi) Enfin bon, j'ai fais plein d'efforts et rien de tout ça n'a pu lui décocher un sourire. Depuis qu'il a rencontré Alby il sautille partout gaiement .
Vous savez quel bruit ça fait un gangregarde qui sautille?
J'entre dans l'auberge la tête basse, le regard fixé sur mes chaussures. J'aimerai vite qu'on me donne ma chambre pour disparaître sous la couette et oublier cette journée.
Tient j'ai une semelle qui se décolle... Oulah fais gaffe Fortuna regarde devant toi si tu ne veux pas rentrer dans le décors!
Je redresse la tête, Alby me suis, j'entends ses petits pas joyeux derrière moi et … Oh y a du monde dans cette auberge! Toutes les paires d'yeux sont fixées sur moi + 1 borgne.
J'ai la bouche ouverte bêtement et j'ai arrêté de marcher. Quand je suis impressionnée mes jambes ne fonctionnent plus.
Deux grosses mains froides se posent sur mes épaules et me forcent à m'assoir à une table.
Qui peut bien vouloir me parler? Je ne connais personne!