Sur la route de la destinée

Avelaneta marchait depuis une demi-heure à travers la vaste forêt. D'instinct, elle se dirigeait vers l'est. Elle avait emporté peu de choses : une tunique et une sur-robe de rechange, ses tablettes de cire et de bois, un calame de roseau. Soudain, elle entendit derrière elle le petit rire moqueur de son guide. Elle se retourna et vit Tudig qui se tenait derrière elle.

Je la suivais depuis déjà un moment. Je me demandais comment elle avait pu suivre la bonne direction sans la chercher. De plus, elle était venue bien plus tôt que je ne l'avais imaginé. Elle était donc prête à affronter son destin.

Allons-y ! dis-je. Nous nous mimes ainsi en route.

Nous avions plusieurs jours de marche devant nous,et le temps pressait. Je la conduisis rapidement mais sûrement à travers les bois. Cependant, la nuit fut plus prompte que nous. Nous dûmes donc contraints de dormir dans la forêt, je ne pouvais pas en plus la faire marcher de nuit. Je lui trouvai des oeufs dans les nids proches, que je fis cuire dans les braises du petit feu que j'avais allumé pour elle. Puis nous nous couchâmes.

Avelaneta se réveilla dès les premiers rayons du soleil. Elle avala une tranche de pain sec, que Tudig avait chapardée.
Puis ils se remirent en route, dans un silence pesant.

Plus loin dans le sens contraire du vent marchait Mär, le loup bleu. Il sentait de loin l'odeur d'Alvelaneta, et se doutait qu'elle suivait la fameuse bestiole qui l'avait insulté. Il ne savait pour quel raison exact il lui avait parlé, mais il se doutait que ce n'était pas sans raison valable. Dans le ciel, le nain, son maître le suivait. Il ne pouvait malheureusement pas parler, mais pouvait tout voir.

*Je ne sait pourquoi tu le suit Alvelaneta. Mais tant que je vivrai je te protègerai malgré tes choix.*

Il suivait la piste d'Alvelaneta, tous en poursuivant de temps et temps des proies de ci de là.

Quand vint midi, la forêt se fit moins dense, et nous aboutîmes enfin dans la grande plaine. J'attrapai et étranglai un lapin qui passait par là, et Avelaneta put se restaurer. Nous repartimes moins d'une heure après. Deux heures plus tard, nous primes la direction du sud est, à travers le paysage monotone de la plaine cultivée, où quelques fermes isolées constituaient la seule distraction à l'horizon.

Malgré sa petite taille, la créature marchait à une vitesse impressionante. Avelaneta commençait à se fatiguer, et ralentissait de plus en plus. Le korrigan, plusieurs mètres devant elle, devait sans cesse s'arrêter pour l'attendre.

Il faut avancer ! Vite vite ! Maitre Taliesin attend la dame ! Vieux monsieur maitre. Vite vite se dépècher, important a dit maitre. Allez allez, avancer toujours devant.

Je m'impatientai, mais le maitre attendait sa venue depuis déjà longtemps, et ne pourrait plus attendre encore indéfiniment. J'avais déjà perdu trop de temps à rechercher la jeune fille.

S'il-te-plait, laisse-moi me reposer un peu, je n'arriveraijamais jusqu'à ton maitre comme ça ! implora-t-elle.

*Hum, je ne sais pas qui est ce maître Taliesin, mais en tout cas il ne me plaît pas trop de voir Alvelaneta péner à ce point et en plus de ce voir forcer de marcher à une vitesse qu'elle ne peu pas soutenir. Désole pour toi Tudig, mais je vais devoir te forcer la main.*

Il sortit en trombe de la clairière et donc à vus du korrigan. Il courut et se stoppa à la hauteur de Alvelaneta.

Bonjour à vous deux. Désoler de vous interrompre dans votre marche mais je venait me proposer à Alvelaneta pour être sa monture si elle le désirait.

*Et je pense surtout que j'arrive à point nommer pour elle.*

Tout en parlant sa taille avait augmenter pour permettre à Alvelaneta de s'assoir sur son dos.

Si grosse bête là, soutenir la dame ? demandai-je, inquiet.

Si grosse bête aide, pas venir. La dame doit savoir difficulté, douleur, solitude. Maintenant, au revoir grosse bête. Vite vite la dame. Dis-je, reprenant la route, entrainant Avelaneta derrière moi.

Je ne répliquai pas, et nous continuames d'avancer jusqu'au soir. Nous nous arrêtames à proximité d'une ferme, où je chapardai un peu de nourriture pour Avelaneta. J'attendis qu'elle s'endorme et je rejoins Mar. J'avais à lui parler.

Grosse bête, égoïste ne pense pas à elle.

Protèger la dame, empêcher destin. Elle très forte, prophétie. Maitre Taliesin sait.

Je me mis à rire.

La dame pas besoin protection. Tudig pense que grosse bête a peur. La dame pas peur. Mais grosse bête pas pouvoir aller au dela pays de pierres.

Domaine interdit aux étrangers. répondis-je calmement. Cependant, je savais qu'il ne prendrait pas la menace à la légère. On ne peut entrer en un territoire comme celui où nous nous rendions simplement par tourisme.